Que nous consommions ou non du cannabis, nous avons toutes et tous déjà entendu parler du THC, ou tétrahydrocannabinol, son principal composé psychoactif. Il existe un cannabinoïde au nom très proche qui est beaucoup moins connu du grand public, mais joue néanmoins un rôle essentiel : le THCA, pour acide tétrahydrocannabinolique.
Comprendre les différences entre le THCA et le THC est essentiel pour ceux qui s’intéressent à la culture, à la consommation ou aux propriétés du cannabis. Voici de quoi mieux les comprendre !
THC : l’acteur principal
Pour certains, il est le héros aux effets surpuissants. Pour d’autres, il est l’homme à abattre, celui à qui l’on doit tous les maux et, par extension, la mauvaise réputation du cannabis. Sorte de docteur Jekyll et M. Hyde du monde cannabique, le THC est probablement son composé le plus célèbre et le plus étudié.
Il faut dire qu’il est le principal responsable des effets psychoactifs associés à la consommation de la plante. Lorsque le cannabis est chauffé (par exemple, fumé, vaporisé ou cuit), le THCA subit un phénomène chimique qui porte le nom de décarboxylation. C’est cette étape essentielle qui transforme le THCA en THC et entraîne les effets psychotropes bien connus du cannabis.
Une fois consommé, le THC interagit avec les récepteurs CB1 du système endocannabinoïde disséminés dans le corps humain, principalement dans le cerveau et la moelle épinière. Cela provoque un changement dans la libération de neurotransmetteurs, responsable d’effets psychoactifs tels que l’euphorie, la relaxation et l’altération de la perception sensorielle.
Si vous avez bien suivi, vous avez compris que sans THC, pas d’effet psychoactif… mais aussi que sans THCA, pas de THC !
THCA : l’acteur méconnu
Le THCA n’a quant à lui ni la popularité du THC ni même celle du CBD (cannabidiol). Acteur de l’ombre, il joue pourtant un rôle essentiel. Pour rester dans les références cinématographiques, disons qu’il est le Charlie de ses drôles de dames que sont les propriétés psychoactives du cannabis.
Le THCA est donc la forme acide du THC, présent dans le plant de cannabis avant sa décarboxylation. Contrairement au THC, il n’est pas psychoactif. Cela signifie que lorsque l’on consomme du cannabis cru ou non chauffé, on ingère principalement du THCA sans subir d’effets psychoactifs. Résultat des courses, mâcher du cannabis frais ne fait pas planer… mais cela ne signifie pas pour autant que le THCA est dénué d’effets.
Des études préliminaires suggèrent que le THCA pourrait avoir des effets anti-inflammatoires, neuroprotecteurs et antiémétiques (il réduirait les nausées et contribuerait à un regain d’appétit).
Une étude de 2017 [lien en anglais] menée par des chercheurs et chercheuses de l’Université de Cordoue, en Espagne, évoque ainsi son activité neuroprotectrice et l’intérêt de recherches supplémentaires, notamment dans le cadre de la recherche contre la maladie de Huntington et éventuellement d’autres maladies neurodégénératives et neuroinflammatoires.
Différences entre le THCA et le THC
Bien que le THCA et le THC soient tous deux des dérivés du cannabis, ils présentent quelques différences majeures.
Propriétés psychoactives
Le THC est le principal responsable des effets psychoactifs du cannabis. Il provoque une sensation d’euphorie, d’intensification des sens et d’altération du temps ainsi que de la perception. En revanche, le THCA est non psychoactif : il ne provoque pas d’intoxication chez ses consommateurs.
Mode de consommation
Le THC est généralement consommé sous forme de fleurs séchées, d’huiles ou de résine qui sont fumées, vaporisées, infusées ou utilisées en cuisine. Le THCA est quant à lui principalement consommé en utilisant des méthodes qui n’entraînent pas la décarboxylation de la molécule, telles que le jus de cannabis frais. Dans les pays où le cannabis est légalisé, il existe également des produits riches en THCA (compléments alimentaires notamment).
Propriétés et effets
Toujours dans les pays où il est légalisé, ce qui n’est pas le cas de la France, le THC est utilisé à des fins thérapeutiques pour soulager la douleur, réduire les nausées chez les patients sous chimiothérapie, stimuler l’appétit et traiter certaines affections neurologiques telles que la sclérose en plaques. Quelques pays européens, comme la Belgique et l’Angleterre, utilisent d’ores et déjà le Sativex (un spray à base de CBD et THC) pour traiter la sclérose en plaques. En France, le médicament est autorisé mais pas réellement utilisé.
Le THCA, même si certaines études reconnaissent son potentiel anti-inflammatoire et neuroprotecteur, est encore moins étudié et donc moins utilisé pour ses propriétés.
THCA et THC Vs. CBDA et CBD
Tout comme le THCA se transforme en THC lorsqu’il est chauffé, le CBDA (acide cannabidiolique) se transforme en CBD, toujours sous l’action de la chaleur. Ces deux principes de décarboxylation sont similaires dans leur principe et possèdent d’autres équivalents parmi les nombreux cannabinoïdes qui composent le cannabis et sont responsables de ses effets (plus d’une centaine).
Une étude coréenne parue en 2023 [lien en anglais] met d’ailleurs en lumière le focus de la communauté scientifique pour le CBD et le THC, souvent au détriment de leurs formes acides que sont le CBDA et le THCA. Elle évoque également l’intérêt d’étudier une possible synergie du CBDA et du THCA dans le cadre de la lutte contre la maladie d’Alzheimer.
Conclusion
En résumé, le THCA et le THC sont deux composés distincts présents dans la plante de cannabis, chacun avec ses propres caractéristiques et effets sur le corps humain. Alors que le THC est le principal responsable des effets psychoactifs et est largement étudié depuis sa découverte en 1963, le THCA, non psychoactif, est moins connu.
Malgré les propriétés intéressantes de ces deux molécules, il est important de rappeler que de nombreux pays n’autorisent ni leur commercialisation ni leur consommation. C’est le cas de la France qui considère le THC comme un stupéfiant et interdit la commercialisation de produits dont le taux de THC dépasse 0,3%.
Assurez-vous de vous conformer à la législation du lieu dans lequel vous vous trouvez avant d’envisager la consommation de cannabinoïdes.